L’odyssée d’une réadaptation

Exposition: L'odyssée d'une réadaptation

Une série de 25 photographies qui suit une personne tétraplégique d’étape en étape depuis le centre de réadaptation jusqu’à son retour à domicile. Au prix d’efforts et avec l’accompagnement bienveillant de physiothérapeutes et d’ergothérapeutes, Aldric regagne son autonomie. Ce reportage photo illustre chaque petite victoire qui mène au retour à l’autonomie. Je vous invite à visionner l'expo ici même.

Remerciements:

Je tiens à remercier l’équipe de Mémo-Qc pour sa collaboration ainsi que de Jacques Comeau pour son accompagnement bienveillant. De même que Christian Séguin pour sa précieuse contribution à la rédaction des légendes. Sans la généreuse participation des professionnels de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal, ce reportage n’aurait pas eu la même valeur. Et évidemment, sans l’ouverture et la disponibilité d’Aldric Vincent, ce documentaire photo n’aurait tout simplement pas été pensable.

L'exposition à été présentée:

  •  27 août au 11 septembre 2022  au Centre des loisirs de l'arrondissement St-Laurent
  • 21 juin au 13 août 2022 à la Bibliothèque de Chicoutimi
  • 15 janvier au 13 mars 2022  à la Maison de la culture Mercier

Rétrospection

Aldric se remémore le dimanche 22 juillet 2018. Une joyeuse famille prenait la route des vacances comme bien d’autres. Elle rêvait de soleil, de plein air et de bon temps. Malheureusement vers 13 h, Aldric, le papa perd le contrôle de son véhicule et tout bascule. La petite famille prend plutôt la direction de l’hôpital. La maman et les deux enfants par miracle n’ont subi aucune blessure. L’accident a de graves conséquences pour Aldric qui a une lésion médullaire complète au niveau de ses vertèbres C6 et C7.

À l’Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal, une équipe de professionnels(les) hyperspécialisés(es) veillera entre autres à libérer rapidement la moelle épinière de toute compression. La force de l’impact laissera tout de même de lourdes séquelles irréversibles. Le diagnostic tombe : Aldric sera tétraplégique.

À son éveil en salle de trauma, malgré le sérieux stress psychologique avec lequel a famille devra longtemps composer, l’infortuné papa est soulagé d’apprendre que sa conjointe d’alors et leurs deux enfants sont en vie. Quant à lui, sa nouvelle réalité de personne handicapée commence. Elle le prive, entre autres choses, de l’usage complet de ses jambes et de ses doigts.

Nous vous invitons à découvrir l’odyssée d’Aldric pour regagner son autonomie. Vous constaterez tous les défis qu’il a dû relever et tout le chemin parcouru pour réinventer son quotidien depuis l’accident qui a marqué sa vie.


Partenaire de réadaptation

Une fois l’état de santé d’Aldric stabilisé, après trois mois d’hospitalisation à l’Hôpital du Sacré-Cœur, il est transféré à l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal. C’est ici que débute l’odyssée de sa réadaptation intensive. Le personnel soignant identifie avec lui ses objectifs de réadaptation. Toute une équipe de professionnels travaille de concert avec Aldric à développer ses capacités physiques et à mettre au point des aides techniques vers son retour à l’autonomie et à régénérer son équilibre psychosocial


L’indispensable physiothérapeute

À la suite d’une lésion de la moelle épinière, les six premiers mois de la réadaptation sont cruciaux pour récupérer le plus de motricité possible. Christiane, la physiothérapeute, mobilise les membres paralysés d’Aldric pour optimiser les effets de la réadaptation.


Pas de résultat sans effort

Avec la tétraplégie, des gestes autrefois banals deviennent des défis complexes. Aldric doit notamment apprendre à hisser ses jambes inertes dans le lit sans l’aide de ses doigts ni de ses muscles abdominaux et intercostaux, paralysés eux aussi. Déterminé à regagner son autonomie, Aldric y parviendra avec beaucoup de pratique, d’efforts et en suivant les conseils avisés de Dominique, une autre physiothérapeute qui l’accompagne dans son odyssée.


Les bénéfices de la physiothérapie

La paralysie expose les membres affectés d’Aldric à des raideurs qui peuvent devenir chroniques. Dominique, la physiothérapeute, sollicite les articulations, les ligaments, les muscles et les tendons inanimés d’Aldric afin de limiter ces raideurs autant que possible.


Introduction au transfert

Aldric découvre un nouveau défi : comment réussir seul à passer du lit au fauteuil roulant et vice-versa. Josée, l’ergothérapeute, l’initie à la planche de transfert. Elle lui propose aussi d’autres aides techniques personnalisées (sangles, toiles). Une fois leur utilisation maîtrisée, une autre étape est franchie vers le retour à l’autonomie.


Incontournable lève-personne

Les transferts font partie du quotidien des personnes vivant en fauteuil roulant. Le lève-personne est un outil indispensable pour rendre ces transferts plus sécuritaires et faciliter le travail de l’équipe soignante. Bien qu’Aldric s’y sente vulnérable, ce dispositif, utilisé ici avec soin par l’infirmière Dani, permet de réduire le risque de blessures, tant pour lui que pour le personnel traitant.


Ergothérapie en action

Les seuils de porte sont parmi les obstacles que rencontrent quotidiennement les personnes en fauteuil roulant. Aldric doit donc s’entraîner à les affronter avec la technique du wheelie, c’est-à-dire à faire basculer légèrement son fauteuil pour soulever les petites roues avant. C’est justement ce à quoi il s’exerce avec l’aide d’Antoinette, l’ergothérapeute. Aldric devra aussi apprendre à composer avec les chaînes de trottoir, la neige, la pelouse et bien d’autres obstacles jadis anodins pour lui.


Fauteuil manuel

Le fauteuil roulant  d’Aldric remplace ses jambes pour le conduire là où il veut aller, ce qui lui  procure plus d’autonomie. Le modèle manuel sollicite l’utilisation constante de ses  épaules. Toutefois, elles ne sont pas faites à priori pour fournir un tel effort. Aldric doit donc intégrer de bonnes pratiques afin de renforcer et de ménager ses épaules pour se déplacer sans les hypothéquer. L’effort requis est aussi plus grand pour une personne tétraplégique.


Infirmier bienveillant

Du fait de l’inertie de ses doigts, Aldric doit avoir recours à de l’aide pour plusieurs petites choses qu’il pouvait faire lui-même auparavant. Grâce à la complicité et aux bons soins du personnel, il est plus facile d’accepter cette nouvelle réalité. L’infirmier Sylvain coupe les ongles d’Aldric avec précaution puisque ses doigts restent sensibles malgré la paralysie.


Bracelet universel

Plusieurs solutions existent pour aider Aldric à regagner de l’autonomie.Le bracelet universel est l’une d’elles. Il en aura fallu des essais à Aldric pour apprendre à bien l’utiliser. Mais quelle satisfaction que de pouvoir choisir soi-même sa bouchée! Ça lui permet de savourer son repas, tout en participant aux conversations à table.


Socialiser par le sport

Comme nous le savons tous, le sport est bénéfique pour la santé physique et psychologique. Dès qu’il a pu s’y mettre, Aldric n’a pas boudé son plaisir. C’est une occasion de sortir de chez soi et de fréquenter des exemples vivants de résilience. Il y a une belle camaraderie et beaucoup d’entraide au sein de la communauté des personnes handicapées.


Match amical

Avec un brin d’ingéniosité, il y a moyen de pratiquer plusieurs activités même lorsqu’on vit avec un handicap. Un peu de bandage élastique pour fixer une raquette de ping-pong à la main d’Aldric et le voilà prêt à se lancer dans un match musclé et amical avec le kinésiologue Miquel. 


Aldric adopte le ping-pong

Un moment de bonheur! En exerçant un sport, Aldric joue et oublie son handicap le temps des échanges. Ces moments donnent de l’énergie à Aldric qui les accueille volontiers.


Conduite adaptée

Une fois qu’il a surmonté ses craintes liées au traumatisme de l’accident, pas question pour Aldric de ne pas conduire de nouveau. Mais il doit apprendre à le faire différemment. Roland, un moniteur de conduite, le conseille lors d’une pratique sur route. La conduite adaptée offrira plus de liberté au papa qui aime accompagner ses enfants.


Obstacles

Différentes réalités, différents rythmes de vie. Une sortie en solo au centre-ville où la vie suit son cours. Aldric avance avec peine au milieu des passants affairés qui regardent droit devant eux. Les déplacements en fauteuil roulant ne sont pas de tout repos dans un monde encore loin de l’accessibilité universelle


Épicerie en solo

Faire de nouveau son marché soi-même est un autre gain vers l’autonomie réinventée. Aldric doit cependant composer avec le fait que son choix est limité aux produits à sa portée. Pour avoir accès aux tablettes du haut et du bas, il lui faut de l’aide.


Indispensable aide à domicile

Lorsqu’on est tétraplégique, l’aide à domicile s’avère indispensable, notamment pour les soins d’hygiène.Trouver la bonne ressource, avec qui un lien de confiance peut s’installer, est un immense défi. Après de multiples recherches, Aldric se trouve chanceux de pouvoir compter trois fois par semaine sur Sofia, sa bienveillante aide-soignante.


Moment douillet

Moment de détente. Aldric apprécie la douceur d’une serviette sur une partie de son corps encore réceptive aux caresses.


Toujours vigilante

Une sonde est reliée à la vessie d’Aldric. Sofia s’assure que la sonde est bien en place. Au moment de lui prodiguer des soins personnels, elle doit être vigilante et lui signaler toute anomalie observée sur son corps. Au besoin, Aldric pourra consulter pour corriger la situation.


Ingéniosité à l’œuvre

Deux à trois fois par jour, Aldric doit vider le sac à urine qui fait maintenant partie de sa réalité. Il tenait à parvenir à le faire sans aide. L’équipe de l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal a trouvé un moyen de prolonger le tuyau de la sonde et d’y ajouter une valve qu’Aldric peut ouvrir et fermer malgré son handicap.Comme pour bien d’autres gestes, il a dû s’entraîner avant de réussir à le faire seul.


Enfin chez soi!

Enfin de retour chez soi ! La réadaptation d’Aldric s’achève tandis que débute une nouvelle réalité quotidienne, avec tous les projets qui en découlent : adaptation de la maison, organisation de l’aide à domicile, réinventer son rôle de père et bien davantage. Un nouveau chapitre qui commence en pleine pandémie.Aldric prend un moment pour se rappeler le chemin parcouru depuis son accident.


Source de réconfort

Une sortie au parc avant de se pencher sur les devoirs d’école. Le ciel couvert et le temps frais n’enlèvent rien au plaisir d’Aldric de passer du temps précieux avec ses enfants. Ses deux amours ont été une source de réconfort et de motivation tout le long de sa réadaptation. Tous les moments en leur compagnie lui ont donné de l’énergie pour maintenir le cap sur sa réadaptation.

Nous saluons son courage et le remercions de sa générosité d’avoir voulu partager avec nous sa riche odyssée.



Aldric vu par Dominique

Au fil des rencontres pour ce reportage, une amitié se développe entre Aldric et Dominique. Cette amitié s’est bâtie d’autant plus naturellement qu’Aldric est lui-même passionné de photo.

Aldric lançait en juillet 2021 sa chaîne YouTube : Mtl En roue libre. Il témoigne du quotidien d’un tétraplégique, il partage ses astuces et les endroits où sortir à Montréal. Aldric tient la caméra, fait les entrevues, le montage et la diffusion. C’est un projet qui l’anime et avec lequel il souhaite informer et rassembler autant les personnes handicapées que les personnes non handicapées.

Voici le lien pour le suivre: https://www.youtube.com/channel/UCtZvTxY3f1em1Xj__SxBqaQ


Dominique vue par Aldric

Ici, Aldric en profite pour tirer un très beau portrait de Dominique.

« En tournant l’objectif de mon appareil vers le parcours d’une personne en réadaptation, j’ai souhaité vous sensibiliser à une réalité peu connue. À travers l’odyssée d’Aldric, c’est toute la détermination nécessaire pour regagner une autonomie fonctionnelle qui s’offre en images. Moins apparente, mais tout aussi importante, c’est également la recherche d’un équilibre psychologique que cette odyssée nous suggère. Comme quoi, bien qu’il faille composer avec le traumatisme, il est possible d’apprivoiser cette nouvelle réalité.

Il m’est apparu évident que tout parcours de réadaptation est une source d’inspiration. Il invite au respect et à l’ouverture. Il invite aussi à cultiver la confiance en soi malgré ses limitations, qu’on soit une personne handicapée ou non.


« L’odyssée d’une réadaptation » est le fruit d’une collaboration avec Moelle épinière et motricité Québec. Cet OBNL œuvre depuis 1946.

Merci à l'Office des personnes handicapées pour le financement de l'exposition.